Conférence dans le cadre du cours FEM1300, ouvert à toustes sur Zoom (lien ici)

Résumé:
L'avortement autogéré, c’est-à-dire l’interruption d’une grossesse non désirée sans (ou presque) l’intervention du personnel médical, marque les luttes pour l’accès à l’avortement en Italie depuis les années 1970 (lorsqu’il était illégal) jusqu’à aujourd’hui (où il est permis par la loi 194).

D’abord, on retracera la généalogie de la « méthode Karman » – une technique d’avortement facile à exécuter, adoptée par les mouvements féministes italiens. Pratiquée dans des groupes composés exclusivement de femmes, la « méthode Karman » devient non seulement une forme de lutte contre l’état et le pouvoir médical mais aussi le vecteur d’une nouvelle conception de l’autodétermination reproductive.

Ensuite on se focalisera sur les mobilisations pour la diffusion de la RU-486, pour laquelle se battent les médecins engagés et les collectifs féministes d’aujourd’hui – contestant les limites de la loi et revendiquant la démédicalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Dans ce sillage, il sera possible de mettre en lumière comment, avant et après la dépénalisation, et malgré de nombreuses différences, les féminismes italiens ont transformé des techniques médicales et des médicaments en instruments politiques pour lutter contre les obstacles et la stigmatisation qui entourent, hier comme à nos jours, l’accès à l’avortement et l’exercice de l’autodétermination reproductive.

___________________________________________________________

Biographie:
Azzurra Tafuro est historienne, spécialiste de l’histoire politique, culturelle et de genre de l’Europe contemporaine (XIXe-XXe siècle). Elle s’est formée et a travaillé en Italie (Scuola Normale Superiore di Pisa) en France (École Pratique des Hautes, École Normale Supérieure de Paris) et en Belgique (Université Libre de Bruxelles) et actuellement est chercheuse à l’Université de Padoue. Au début de sa carrière elle a étudié le processus de construction de la nation et de l’identité italienne au XIXème, tout en se focalisant sur l’engagement à la fois politique et philanthropique des femmes. Les résultats de cette recherche ont été publiés dans deux monographies (par exemple : Dare madri all’Italia, 2021) et plusieurs articles. Depuis 2017-2018, grâce à une Marie Sklodowska Curie fellowship, elle a entamé une nouvelle recherche sur l’avortement, la santé sexuelle et les droits reproductives en Italie tout en privilégiant une perspective de genre, transnationale et par le bas. De cette nouvelle recherche elle a tiré plusieurs articles (voir, par exemple, en 2022 : «Italian girls in trouble» Abortion Travels and Transnational Abortion Referral Networks. Rome, London, Paris, 1967-1981), chapitres d’ouvrages (à paraitre en 2024 : Feminist Circulations. Towards a Translocal & Transnational History of the Women’s Health Movement in 1970’s Italy) et est en train d’écrire un livre.