Symposium: «La pluralisation dans les mondes de l’art»
Le séminaire « EPA904S — La pluralisation dans les mondes de l’art », dirigé par la professeure Vanessa Blais-Tremblay examine la question de la pluralisation sous trois grands axes, soit :
en tant qu’objet d’étude, c’est-à-dire en tant que phénomène observable en tant que tel ; en tant que méthodologie, soit un potentiel de recherche encore sous-investi en ce qui concerne les principes d’inclusivité, de diversité, d’équité, d’accessibilité et de justice ; et en tant que champ d’action, au sens où certaines activités artistiques et de traitement, de transfert et de mobilisation des savoirs peuvent contribuer à pluraliser l’imaginaire culturel collectif et les mondes artistiques.
En tant que phénomènes sociaux, les arts sont porteurs de traces sonores, visuelles, expérientielles ou autres, des tensions et négociations propres à la rencontre avec l’Autre.
Les pratiques artistiques se prêtent donc particulièrement bien à l’étude de la multiplication des modes de coexistence et d’interaction entre diverses identités, communautés, pratiques et imaginaires culturels qui caractérisent les XXe et XIXe siècles.
Le symposium « La pluralisation dans les mondes de l’art » réunira cinq étudiant·es au Doctorat en études et pratiques des arts (DÉPA) qui présenteront les croisements entre leur projet de recherche et la pluralisation, notamment les questions de visibilité et de validation de pratiques artistiques minorisées, marginalisées ou altérisées.
📍 Bibliothèque de musique, 5e étage du Département de musique | Pavillon F | Entrée au 1440 rue St-Denis
🎟️ Entrée libre avec réservation : https://uqam-ca.libcal.com/event/3889498
HORAIRE
10h : Mot de bienvenue
Vanessa Blais-Tremblay
10h15 — « Décoloniser le corps par la musique : Un regard autoethnographique sur une approche transculturelle »
Mônica Freire est une artiste d’origine brésilienne et québécoise d’adoption. Elle est doctorante en recherche-création au DÉPA de l’UQAM. Son travail s'ancre dans le métissage sonore et la pluralité identitaire, explorant les interactions culturelles et les processus de transformation qu'elles génèrent. Titulaire d’un Baccalauréat interdisciplinaire en arts (UFBA) et d’un DESS en éducation des adultes (UQAM), elle allie pratique artistique et réflexion académique. Lauréate du Félix 2024 pour Ilhada « Album de l’année – Musiques du monde », elle poursuit une démarche fondée dans l’hybridation des répertoires et la décolonisation musicale, tissant des ponts entre mémoire, territoire et création.
Résumé : Mon parcours artistique s'inscrit dans une dynamique de mobilité et d'hybridation culturelle. À travers la recherche-création que je réalise dans le cadre de ma thèse, je m’interroge sur les processus de transformation identitaire issus de la rencontre des cultures. Entre ruptures, convergences et reconfigurations, ma démarche créative se développe dans un espace fluide où le métissage sonore devient un territoire à part entière. Inspiré par une perspective décoloniale, mon travail engage une réflexion critique sur les dynamiques de pouvoir, les modes de transmission et les mécanismes de reconnaissance de la diversité culturelle au sein de l’écosystème artistique. En explorant les croisements entre mémoire et innovation, territoire et altérité, mon objectif est d’élargir les horizons d’écoute et de dialogue autour des pratiques musicales contemporaines.
11h – « Savoirs textiles communautaires : décoloniser, résister, créer »
Angiee
Liliana Rocha Parra (Bogotá, 1990) est une artiste textile et commissaire d’exposition colombienne, basée à Montréal. Diplômée en arts visuels (ASAB, Bogotá) et titulaire de deux masters (art textile et commissariat, Université de l’Indiana), elle prépare un doctorat à l’UQAM. Ancienne assistante à l’Eskenazi Museum, elle a organisé l’exposition « Patrimoine textile en Amérique latine » et travaillé comme médiatrice au Musée d’art moderne de Bogotá. Ses recherches explorent les savoirs textiles comme outil de participation sociale et de justice culturelle.
Résumé : Cette présentation explore le rôle de l’art textile en tant que pratique communautaire et collaborative, mettant en avant sa capacité à démocratiser l’art, à décoloniser les récits culturels et à favoriser la justice sociale. À travers une approche qui valorise les mémoires textiles et la temporalité de la création, il questionne la pluralité des formats de diffusion et la reconnaissance des pratiques textiles. L’analyse s’appuie sur des cadres théoriques tels que la recherche féministe et les approches décoloniales pour examiner comment les savoirs textiles peuvent être validés et intégrés dans des espaces artistiques plus inclusifs. Cette réflexion se développe à partir d’expériences vécues dans des communautés latino-américaines, en particulier à Montréal, où les pratiques textiles deviennent des outils de résistance, de transmission et de construction identitaire au sein des diasporas.
11h45 à 13h : Dîner
13h : « Petite fille aux allumettes : embraser l'impossible, adapter, créer, rêver au-delà des capacités »
Chaima Gaddour est doctorante inscrite au DEPA, musicienne et artiste pluridisciplinaire. Diplômée en musique et en danse classique, elle a obtenu une licence et un master en musique et musicologie à l'Institut Supérieur de Musique de Tunis, puis un autre master en management et politique culturelle à l’Université Paris Dauphine. Pédagogue engagée, elle a fondé une école de musique et de danse en Tunisie avant de poursuivre d’autres expériences pédagogiques en France, à Dubaï et au Canada. Fondatrice et directrice artistique de l'Orchestre et de la Chorale arabe du RCM à Montréal, elle participe à plusieurs projets musicaux. Elle a participé dans différente plateformes (TEDx, Reuters, MBC...) afin de témoigner contre le harcèlement et d’appeler à la démocratisation de la pratique artistique auprès des enfants en situation de handicap. Ses recherches visent à promouvoir l’accessibilité de la création musicale et à repenser l’éducation artistique pour une plus grande inclusion.
Résumé : Cette présentation aborde la question de l’accessibilité à la création musicale et l’inclusion des enfants aux capacités variées, tout en s’inscrivant dans une réflexion plus large menée dans le cadre de ma thèse. Mon engagement pour une pratique musicale inclusive trouve ses racines dans mon propre parcours : enfant, confrontée à des difficultés et détentrice d’une carte de handicap, j’ai vécu l’imposition d’un instrument de musique sans réel choix. Cette expérience a nourri ma réflexion sur les barrières d’accès à la musique et sur la nécessité d’une pédagogie adaptée aux besoins spécifiques de chaque enfant. À travers mes recherches et mes observations dans divers contextes éducatifs, je questionne les dispositifs existants et explore les adaptations possibles pour permettre à chaque enfant, qu’il soit neurotypique ou neuro-atypique, d’explorer et de s’approprier la musique librement. Ma démarche, à la croisée de la pratique et de la recherche, vise à contribuer aux études de l’éducation musicale chez la petite enfance pour qu’elle devienne un véritable espace d’inclusion, où chaque enfant peut développer son propre langage musical sans contrainte imposée à travers la création musicale.
13h45 : « Conjuguer les temporalités créatrices au sein des équipes de travail collaboratives »
Dave Tremblay, doctorant à l’École des Sciences de la gestion, est chercheur à l’Observatoire Québécois de Recherche sur la Collaboration (OQRC) et membre de la Chaire en gestion de projet depuis 2018. Il s’intéresse particulièrement aux enjeux de créativité et d’innovation en contexte organisationnel. Il possède une riche expertise dans le domaine des compétences et des comportements organisationnels, ayant gradué d’une maitrise avec mémoire en gestion des ressources humaines. Dave a présenté sur différentes plateformes de conférences tant académiques que praticiennes et il est co-auteur de travaux de recherche partenariale. Dave est passionné par l’individu, cet être unique qui réside en chacun de nous, et par l’art comme véhicule d’expression. Ce mariage de sciences de la gestion et art rend ses interventions uniques pour traiter de la complexité humaine dans les organisations. La collaboration et ses différentes compétences, la formation, les outils andragogiques/pédagogiques et l’aspect qualitatif de la recherche (observations, entrevue et plateforme Nvivo) sont au cœur de ses recherches.
Résumé : L’accélération sociale contrevient à l’incubation de l’expérience du travail collaboratif. L’incubation, comme phénomène de maturation d’une équipe de travail, représente un temps d’apprentissage et de rapprochement vers l’Autre. Cependant, avec la compression du temps, les relations de travail se sont corrodées. Pressé plus que jamais, l’homo faber est aliéné, le travail perd son sens car il n’y a plus de temps pour apprendre à se connaître. Faute de temps, le sentiment de cohésion durant la tâche, la contemplation du travail accompli ou la célébration du défi relevé sont des moments partagés qui disparaissent peu à peu du panorama organisationnel. Comment peut-on renverser la vapeur, ralentir l’accélération, et réintégrer les individus et leurs besoins –dans toute leur pluralité– au centre de la question managériale ?
14h30 : « (Re)penser le feedback en danse : Entre poétique des silences et fabulation du mouvement »
Yolande Lejus est danseuse, enseignante et doctorante au DEPA à l’UQAM. Formée dans les structures nationales de danse à Paris, elle est aujourd’hui professeure et coordinatrice du département danse au conservatoire en France et professeure de danse au secondaire à Montréal. À partir de terrains situés en marge des cadres institutionnels, elle explore le feedback comme un phénomène relationnel et poïétique. Elle interroge la manière dont il émerge dans les dynamiques collectives, déplace les régimes perceptifs, et déplace les modalités de transmission du geste dansé. En articulant pratiques de terrain et pensée critique, ses recherches proposent une cartographie du feedback comme espace de résonance, d’indétermination et de fabulation partagée.
Résumé : Et si le feedback, cet outil apparemment banal dans les studios de danse, n’était pas si neutre ? Sous des termes apparemment anodins — « fluide », « expressif », « à préciser », etc. — se jouent des mécanismes de reconnaissance qui reconduisent, sans les nommer, des normes esthétiques, sociales et perceptives. Cette présentation propose une plongée critique dans l’espace du feedback pour en préciser des mécanismes implicites : qui peut parler, qui peut être vu, et selon quelles modalités ? En mobilisant des pensées féministes, décoloniales ou post-phénoménologiques, il s’agit aussi d’ouvrir d’autres possibles : un feedback qui ne corrige pas, mais qui écoute, trouble, transforme ; un système coextensif au geste. À partir d’un terrain situé — une création autour des Indes galantes — cette recherche invite à penser autrement la transmission en danse : comme un espace politique et sensible, où d’autres gestes, d’autres voix, d’autres formes peuvent advenir par la relation.
15h15 : Mot de la fin
Vanessa Blais-Tremblay

Date / heure
Lieu
Montréal (QC)